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mercredi 10 juin 2015

La réalité des Inuits est préoccupante

Mon projet se prépare depuis longtemps, sans doute depuis l'enfance et l'adolescence alors que je rêvais de voyager chez les Inuit.

À mon retour au Sud du Nunavik en 2010, sans trop savoir quelle forme prendrait mon projet Aucun enfant ne devrait faire un détour pour retourner chez lui, je savais que je ne pouvais laisser tomber les enfants Inuit. Le projet est né du désir d'éviter aux enfants des déménagements multiples sur et hors de leur territoire.

Aucun enfant ne devrait faire un détour pour retourner chez lui est une initiative d'engagement visant à aider les enfants à remplir leurs besoins de soins affectueux, d'un environnement protecteur et stable pour répondre à leurs besoins fondamentaux par une maison-refuge/maison-de-répit dans leur propre communauté. Ce projet vise à sensibiliser la population canadienne sur les enjeux des enfants déracinés de leurs communautés.

La raison pour m'impliquer devrait être assez claire. Les différents paliers de gouvernement ne font rien pour résoudre les problèmes qui touchent les enfants inuits, trop souvent éloignés de leur familles immédiates. Géographiquement, ils sont tellement loin;  comme personnes isolées, on ne leur accorde pas un grand droit de parole.

À mon retour au Sud

Le 10 novembre 2010, j’écrivais à Guylaine Deschamps, membre de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse, pour lui faire part de la quantité d’enfants du Nord ayant connu de trop nombreux déplacements.  Seulement dans mes dossiers,  je relève des cas de 19 à 56 déplacements par enfant.  Dans un rapport, on m’a corrigée en disant que la petite fille déplacée 56 fois n’avait pas vraiment connu autant de changements, car elle n’avait été déplacée que 37 fois chez de nouvelles personnes…

Des familles saignées de leurs enfants

En mars 2011, je communique avec Caroline Montpetit du DEVOIR pour lui parler de cette petite fille déplacée 56 fois entre l'âge de deux  et  six ans. Elle en parle dans son texte intitulé: "Communautés autochtones - Des familles saignées de leurs enfants" (29 mars  2011).

Aucun enfant ne devrait avoir à faire un détour pour retourner chez lui

La principale raison d'examiner ces causes est de mettre en œuvre des solutions et des projets qui auront un impact à long terme sur les communautés. Les enfants, les mères et les communautés sont l'objet de ce projet Aucun enfant ne devrait faire un détour pour retourner chez lui. Après tout, chaque enfant naît avec le droit d'avoir une vie sans violence et sans abus.

Les enfants appartiennent à leur famille et à leur communauté

Les enfants appartiennent à leur famille et à leur communauté. Quand ils sont retirés non seulement de leurs familles, mais de leur communauté, les enfants perdent, ne pouvant être élevés par leurs propres familles dans leurs propres communautés. En conséquence, il y a un nombre effarant d'enfants inuits en familles d'accueil. Aucun enfant ne devrait faire un détour pour retourner chez lui est une initiative d'engagement pour aider les enfants à recevoir des soins affectueux, un environnement protecteur et stable pour répondre à leurs besoins fondamentaux dans une maison-refuge/maison-de-répit assurant leur sécurité dans leur propre communauté.

L'exploitation sans limite de l'homme et de la nature

Le 20 mai 2015, ma conférence chez Amnistie Internationale débutait ainsi:  «Que cette soirée fasse écho à votre ouverture dans la construction d'une société ayant comme références, les attentes de ceux et celles qui souffrent le plus de nos logiques d'accaparement dans la répartition inégale des richesses naturelles,  de l'exploitation sans limite de l'homme et de la nature à des fins de profits, de la négation du bien commun et de la « marchandisation » de tout, ce qui équivaut à des violations des droits humains, violations  qui maintiennent les personnes et les familles dans la misère, où qu’elles soient dans le monde.

La question du surpeuplement dans les logis

Si se loger, s’abriter,  est un besoin élémentaire pour l'être humain, le droit au logement est bafoué dans le  Nord  avec les réalités de la cohabitation.  De nombreuses personnes du Nunavik témoignent de la difficulté d’accéder à un logement adéquat pour leurs besoins de base.  Parmi les plus pauvres, ce droit est réduit à sa plus simple expression :  de 15-20 personnes devront  s’entasser dans un quatre pièces.

De nombreuses personnes du Nunavik témoignent de leur difficulté de trouver un logement adéquat pour leurs besoins de base. Cette situation déclenche des événements regrettables pour tous.

Faute de moyens financiers

Quand on dit que c’était ainsi dans les iglous, il faut se rappeler que, durant le jour,  les hommes allaient à la chasse ou à la pêche pour la survie de leur groupe.  De nos jours, tout le monde ne peut partir à la chasse faute de moyens financiers pour obtenir bateau, VTT, etc.  Quand on vit avec l’aide gouvernementale, il est rare qu’on puisse s’offrir une chaloupe ou un VTT pour aller sur les landes.

Facteurs de risque

Certaines vulnérabilités sont uniques aux collectivités inuites.  Ces facteurs de risque incluent l'isolement, la crise du logement, le taux de suicide élevé et les traumas du passé non résolus.  La crise du logement exacerbe les problèmes sociaux comme la violence familiale, l'alcoolisme et la toxicomanie.

Briser le silence

Il est souvent difficile dans les collectivités du Nunavik de briser le silence, car les victimes craignent de perturber la famille de l’auteur des gestes de violence et préfèrent se taire.   Elles reconnaissent aussi que l’agresseur apporte le seul soutien financier de la famille.  En brisant le silence, les femmes inuites contribueraient à stopper la violence,  mais on doit les assurer du traitement juste de leurs plaintes et d’une place où demeurer en sécurité avec leurs enfants, le temps qu’il faudra.   L'isolement et des moyens financiers limités empêchent les femmes de s'organiser rapidement.

Une réalité qui touche toutes les couches de la société

Des facteurs structurels font en sorte que le problème de la violence dans les villages se maintient.   C’est une réalité qui touche toutes les couches de la société.  Mais, au moins, une personne vivant une situation semblable au Sud a des ressources devant elle pour effectuer un changement positif.  Ici, c’est rarement le cas. Pour que les femmes Inuit puissent vivre en sécurité après avoir quitté les maisons d’hébergement, il faut leur donner accès à des logements sécuritaires, abordables et permanents, des soins de qualité pour leurs enfants ainsi qu'un travail qui leur permet des revenus adéquats.

Une pénurie de logements au Nord 

Présentement, la situation est telle qu'une femme ne peut pas juste se lever un matin,  mettre ses fringues dans une valise et aller ailleurs.  Où peut-elle aller?  Il y a une pénurie de logements au Nord  et ce problème ne cesse d’augmenter puisque la population est en pleine croissance.  La plupart du temps, il y a trois ou quatre générations par maison, soit 10, 14, 16 personnes…   Alors, le jour où une femme décide de briser le cycle de la violence, il n’est pas possible de retourner chez maman ou papa parce qu’ils ont déjà huit personnes à la maison et ne peuvent l’accueillir avec ses trois enfants. C’est comme ça.  Et si la femme s’en va, elle doit tout laisser derrière elle, incluant ses enfants.  La femme qui me dit: “That’s my life and there is nothing that I can do about it”,  n’a aucune porte de sortie.

Les nouvelles politiques sociales

Malheureusement,  compte tenu de l'isolement des collectivités du Nunavik, de leur histoire récente, de leur dépendance à l’État et des réalités du climat, les nouvelles politiques sociales du gouvernement Couillard vont créer plus d’iniquités pour les bénéficiaires de l'aide sociale et les travailleurs à faible revenu.  Le développement économique sera peut-être limité.  Donc, on remet encore à plus tard la réduction de la pauvreté.

Raison pour s'impliquer

Mon initiative Aucun enfant ne devrait faire un détour pour retourner chez lui honore les membres des communautés qui luttent pour un changement positif tout en préservant un chemin vers le passé. Le renforcement des familles, tout en favorisant de bonnes pratiques parentales, permettra de garder une partie du caractère et de l'histoire qui font que le "Inuit Way" est unique.








  

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