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vendredi 27 octobre 2017

La création de pensionnats fédéraux a eu comme conséquences des changements sur leurs valeurs traditionnelles

Dans la culture inuite, les aînés sont les dépositaires d’une sagesse et d’un savoir millénaires. Eux seuls sont en mesure de transmettre la richesse de la culture traditionnelle inuite aux générations futures. Au centre de la culture Inuite se trouve la famille, qui est elle-même au centre d’un réseau de relations sociales très vaste. Les enfants naissent et entament le long processus d’apprentissage de ce réseau de relations sociales qui forment l’environnement les menant à l’âge adulte.


Différentes étapes de vie et de rôles avant d’être reconnus comme des aînés

Chez les Inuits, tous doivent passer par différentes étapes de vie et de rôles avant d’avoir la reconnaissance d’être des aînés. De cette manière seulement, ils acquièrent de multiples savoir-faire et contribuent ainsi au bien-être de la famille et de la communauté.


Les valeurs, les traditions, le savoir-faire et les connaissances s’exprimaient autrement 

De nombreux aînés Inuits conservent un souvenir impérissable de cette époque où ils vivaient en groupes restreints. Avant que les communautés inuites ne vivent dans des logements de manière permanente, les valeurs, les traditions, le savoir-faire et les connaissances qui constituaient leur culture s’exprimaient autrement qu’aujourd’hui.

Néanmoins, un élément de continuité est nécessaire pour maintenir les valeurs fondamentales, les traditions, la langue et les ressources qui caractérisent la culture inuite.  C’est ainsi que se maintient le rattachement de toutes les communautés inuites régionales à la grande communauté inuite du Canada.

L’exploitation du territoire jouait un rôle essentiel pour la définition des rapports sociaux 

Le rôle des aînés au sein de la collectivité et dans la structure familiale a considérablement changé depuis l’arrivée des non-Inuit. Le mode de vie que les non-Inuits appelleraient nomades consistait à changer d’endroit, d’une saison à l’autre. Toutefois, année après année, chaque saison tendait à les ramener au même endroit. C’est ainsi que les Inuits exploitaient les ressources saisonnières sur les territoires de chasse familiaux. Le partage était la préoccupation centrale des Inuits et la bonne entente régnait entre les collectivités.

Personne n’était l’unique propriétaire des zones de chasse délimitées. Mais l’exploitation du territoire jouait un rôle essentiel pour l’identification des groupes et la définition des rapports sociaux et des règles d’utilisation du territoire qui prévalaient sur le terrain.


Le territoire inuit du Canada est morcelé en quatre régions administratives

Aujourd’hui, le territoire inuit du Canada est morcelé en quatre régions administratives. Cinquante-cinq communautés différentes sont aujourd’hui réparties sur un territoire plus grand que la France. Chaque région tend maintenant à mettre en place sa propre définition du développement économique et social et une entente finale sur les revendications territoriales entre les régions va dans ce sens.

La région située au nord du 55e parallèle au Québec abrite environ 12 000 Inuits qui vivent dans 14 communautés côtières du Nunavik. Plus de 60 % de la population a moins de 30 ans. Le coût de la vie est au moins le double de celui du sud du Québec, sinon plus.

Événements marquants pour les Inuits

Dans le cas des Inuits du Nunavik, la création de pensionnats fédéraux dans les années 1950 a eu comme conséquences majeures, des changements socio-économiques profonds ainsi que sur leurs valeurs traditionnelles.  Les rôles des hommes et des femmes ont été inversés.

Le déplacement d’Inuit vers le Haut-Arctique (parallèle) par le gouvernement fédéral, en 1953, et l’abattage des chiens dans les années 1950-1960 par les corps policiers fédéraux et québécois, ont quant à eux, accéléré le passage d’une vie semi-nomade à la sédentarisation dans des collectivités. L’éclatement des cellules familiales relié aux déplacements a provoqué d’autres événements tragiques.

Itinérance invisible

Le Nunavik présente le plus haut taux de surpopulation par logement au Canada. Des gens s’entassent dans des logements trop petits, ne répondant pas aux exigences d’une vie sédentaire que les Inuits n’ont pas choisie. Il n’est pas rare que 15 à 20 personnes vivent dans un même logement. En conséquence, on assiste ainsi à un nouveau phénomène dans les communautés inuites : l’itinérance invisible. Cette itinérance amène son lot de problèmes en santé physique et mentale.

Les Nations Unies qualifient l'itinérance de « absolue » ou « relative ». Dans le Nord, le sans-abrisme est relatif et se réfère aux personnes vivant dans des espaces qui ne répondent pas à la santé de base (récidive de la tuberculose) et les normes de sécurité pour soi-même et encore moins pour les enfants.

Le lien entre le surpeuplement des logements, la violence physique et les agressions sexuelles envers les enfants

Chaque fois qu'une femme avec des enfants est victime d'une itinérance invisible, elle et ses enfants risquent davantage d'être victimes de violence, d’abus physique ou d’exploitation sexuelle. Par peur de perdre leurs enfants, les femmes cherchent surtout à éviter les interventions de la Protection de la jeunesse. Cette pratique de survie conduit parfois à l'exposition à la violence physique, aux problèmes de santé mentale, à l'abus d'alcool et de drogues, aux abus sexuels et aux conflits avec la loi.

En 2010, cette situation a été décriée par onze professeurs et chercheurs d’universités québécoises: « Les familles inuites du Nunavik vivent dans un environnement résidentiel toxique » (La Presse, le 15 septembre 2010). La situation endémique à Iqaluit, capitale du territoire du Nunavut, a aussi été dénoncée (voir « The little voices of Nunavut. A Study of women’s homelessness north of 60 », (rapport du Conseil du statut de la femme du Nunavut, janvier 2007) et à Nuuk, capitale du Groenland.

On imagine facilement que ce phénomène entraîne son lot de problèmes familiaux et communautaires. Plusieurs études montrent le lien entre ce surpeuplement des logements, la violence physique et les agressions sexuelles envers les enfants.  D’autres conséquences, telle la santé des enfants, plus vulnérables aux infections et maladies pulmonaires chroniques, font des ravages depuis un certain nombre d’années. Leur bien-être psychologique se traduit par des symptômes de détresse et des problèmes de comportements et d’apprentissage à l’école.

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