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Témoignage personnel

Témoignage sur les enjeux des Inuit

Ce projet vise à faire connaître les Inuit à travers leurs enjeux et leurs compétences. À cet effet, des personnes au Sud, habituellement mes amies, me reçoivent chez elles, dans leur salon avec leurs amies, pour que je témoigne de mon expérience chez les Inuit, le but étant de ramasser des fonds pour une maison-de-répit pour assurer la sécurité et la protection des enfants Inuit afin qu'ils demeurent au sein de leur communauté et pour soutenir l'unité familialeAucun enfant ne devrait avoir à faire un détour pour retourner chez lui est un projet pour appuyer les capacités des collectivités à protéger elles-mêmes leurs enfants. 


La marche de 8000 kilomètres vise à sensibiliser la population canadienne aux réalités des femmes et des enfants Inuit et à cumuler des dons pour une maison-refuge/maison-de-répit pour que les enfants Inuit demeurent dans leurs communautés.


Aucun enfant ne devrait avoir à prendre un détour pour retourner chez lui 

Ce projet est une initiative d'engagement pour aider les enfants à recevoir des soins affectueux, un environnement protecteur et stable pour répondre à leurs besoins fondamentaux dans une maison-de-répit assurant leur sécurité et leur protection dans leur propre communauté.

La principale raison d'examiner ces causes est de mettre en œuvre des solutions et des projets qui auront un impact à long terme sur les communautés. Les enfants, les mères, les familles et les communautés sont l'objet de ce projet Aucun enfant ne devrait avoir à prendre un détour pour retourner chez lui. Après tout, chaque enfant naît avec le droit d'avoir une vie sans violence et sans abus.

Témoignage de mon expérience chez les Inuit

En 2009 et 2010, je suis partie pour le Nunavik avec mon rêve de rencontrer les vrais habitants du Grand-Nord. Je m’attendais à un choc de culture même si je les portais dans mon cœur depuis longtemps. Le choc fut d’autant plus grand que les circonstances d’emploi et de temps me permirent rapidement d’évaluer la vulnérabilité des mères et des enfants. Les effets de la violence créaient des urgences auxquelles il fallait répondre immédiatement, et donc, ne permettaient pas de s’investir pour aider les femmes dans leurs luttes contre la violence familiale sauf à travers les mesures appliquées par la Cour. La situation du département des services sociaux était similaire à celle de mon département en Protection de la Jeunesse.


Le privilège de travailler avec des Inuit

Montréal et Salluit sont à 10h d’avion l’un de l’autre. J’ai eu le privilège de travailler avec des Inuit. J’ai pu mesurer l’énorme différence entre ce que je connaissais et ce qu’on m’avait appris au Sud. Je réalisai que j'étais teintée du regard d'amies et collègues qui n'y étaient pas allés. Les rares personnes qui les connaissaient avaient parfois la même difficulté que moi, sans doute à cause des discours dominants que l'on endosse facilement. Triste à dire, mais les préjugés donnent souvent une image déformée de la réalité.

En parlant avec une collègue Inuk d’une situation qui me touchait particulièrement, j’ai réalisé que nos façons de comprendre les événements ne se ressemblaient pas. J’ai appris sur la façon de vivre au Nord après avoir été introduite aux termes du Inuit Way et du White Way. Deux réalités, mais comment peut-on affirmer qu'une manière est mieux que l'autre? C'est normal que l'on adopte ce qu'on voit, ce qu'on entend, ce qu'on sent le plus souvent. 

Travailler en contexte interculturel

Travailler en contexte interculturel en apprenant la langue inuktitut m’aurait été particulièrement utile à ce moment.
 Le conflit entre la culture, les traditions et le savoir-faire des Inuit et ceux des blancs est un aspect qui m’a interpellé  tout au long de mon séjour parmi les Inuit.

Je vous rappelle que tout ce qui est écrit sur ce blog reste ma perception de cette réalité à travers différents échanges et dialogues avec d’autres travailleurs sociaux et les Inuit que j'ai le plus côtoyés, et n’est surtout pas le reflet d’une vérité absolue.


Tout est compris autrement

Lorsque j’ai amorcé ma pratique comme intervenante au Nord, j’étais terrifiée, me demandant comment j’allais communiquer avec mes jeunes clients et leurs parents. On a qu’à penser aux questions qui peuvent être mal interprétées, surtout dans une autre langue, dans une autre culture. Par exemple, quand on demande à une mère si son enfant mange bien, en français on conçoit la question en termes généraux, mais en inuktitut, si je ne spécifie pas ce "en général", on croit que je parle du dernier repas. Tout est compris autrement.


La langue est le véhicule spécifique d’une culture

La langue est le véhicule spécifique d’une culture. Les mots sont représentatifs de leur usage, et s’y adaptent. Ça peut sembler surprenant, mais je me souviens d’une femme à qui j’ai demandé combien d’enfants elle avait. Elle a réfléchi et compté sur ses doigts. J’étais étonnée que la réponse ne soit pas spontanée! Mais j’ai appris que bon nombre d’enfants Inuits sont donnés en adoption pour différentes raisons. La femme comptait les enfants qu'elle avait gardé et non ceux donnés en adoption. 


Notre adaptation à leur culture

L’importance du respect et de l’écoute devrait faire partie de notre adaptation à leur culture. Parfois, l’écho du grand vent semblait murmurer : « Nous, Inuits, nous reconnaissons que nous devons travailler avec vous, les Blancs, mais dans cet échange, vous devez nous écouter. » Un jour, j’ai entendu le maire d’une communauté du Grand Nord demander de l’aide : « Les Inuits sont un peuple en détresse. N’y a-t-il personne prêt à nous aider, personne qui se soucie de nos enfants? »


Il faut avoir vécu dans leur lieu pour le comprendre

« Il faut avoir vécu dans leur lieu pour les comprendre. » La sensibilisation aux différences culturelles s’inscrit dans un large mouvement d’ouverture. J’ai été profondément marquée par l’inconscience de notre propre ignorance : « Quand tu arrives là-bas, tu ne sais rien. Et le pire, c'est que tu ne sais pas que tu ne sais pas! », lequel explique en partie pourquoi les blancs s’incarnent en « connaisseurs », aucunement à l'écoute de la réalité des Inuits.

Par exemple, notre conception nord-américaine morcelle le temps, et le structure à la minute près, alors que pour les Inuit, le temps prend une signification toute autre. Les Inuit vivent dans le moment présent, ils vivent selon la clarté. Nos horaires ne leur sont pas naturels, ils leur conviennent difficilement. Pourtant, nous leur demandons constamment de se comporter comme nous. 

Les mots de localisation Inuits sont très courts, nombreux et précis… indiquant la nécessité d’une communication rapide et efficace entre chasseurs, afin de traquer l’animal, source vitale de nourriture. Pour une pratique adéquate dans n'importe quel domaine, il faudrait apprendre leur langue, l’inuktitut.


Les solutions viendront des communautés elles-mêmes

Les solutions doivent venir des communautés elles-mêmes. Clairement, les Inuits veulent aider leurs enfants. J’ai entendu les mères me dire que leurs enfants étaient leur raison de vivre. On voit encore des femmes vêtues du manteau traditionnel – amoutiq – avec leur bébé blotti dans l’immense capuchon. Peau contre peau, c'est une manière de communiquer leur chaleur et leur lien à l'enfant.


Le sens de la famille au Nord

Les Inuit attendent très peu de leur lointaine capitale. Les anciens sont actifs pour tenter de transmettre aux plus jeunes leurs valeurs, solidarité en tête. La famille est une entité à part entière chez les Inuit. Parents, enfants, cousins proches, tous en font partie. Toutefois, la place de l'individu est plus fluctuante quoique central dans la construction familiale. Or, la modernité  dans laquelle les Inuit se trouvent depuis leur colonisation, souvent en leur forçant la main, les a déstabilisés. 

Non seulement de sérieux problèmes de logement créent des tensions dans les foyers où s'entassent plusieurs générations mais peut-être à cause de ça, les liens se distendent.

Les femmes Inuit ont des compétences qui devraient les aider 

L'autre aspect qui me parle est d'aider les femmes à se prendre en main pour le bien de toutes leurs communautés. Chacune d'elles veut donner une bonne vie à ses enfants, mais elles doivent être en mesure de développer et de se former selon les règles de notre société.

Les problèmes sociaux auxquels elles sont confrontées sont nombreux, mais les femmes Inuit ont des compétences qui devraient les aider. Dans le cadre de la conception de ce projet, nous devrions améliorer et utiliser leurs connaissances traditionnelles pour l'éducation et pour la construction de l'identité de leurs enfants. 

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