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lundi 14 décembre 2015

Les facteurs de risque liés à la violence domestique doivent être reconnus et corrigés

Il y a quelques mois, j’ai entendu une femme des Premières Nations dire combien elle était heureuse d’avoir eu un premier enfant, une belle petite fille en bonne santé. Mais sa phrase suivante m'a littéralement jeté par terre. Elle a dit: «J’ai commencé à craindre pour ma fille dès que j’ai su que c’était une fille".





Des contraintes de ressources créent un contexte difficile pour la prestation de services efficaces

Bien qu'il y ait de plus en plus de sensibilisation  au sujet de la sécurité et du soutien aux femmes et aux enfants touchés par la violence domestique dans les communautés autochtones, des contraintes de ressources créent un contexte difficile pour la prestation de services efficaces pour les femmes et les enfants. Dans une expérience de travail précédente, le département de travail social qui assurait le soutien aux personnes de la communauté avait une personne à temps plein et un travailleur occasionnel pour certains mois par année. Les travailleurs communautaires étaient là pour traduire et négocier. Une quantité excessive de travail était distribuée parmi nous tous. Tous les clients ne pouvaient être vus et suivis.

Les facteurs de risque liés à la violence domestique doivent être reconnus et corrigés

Au-delà de cela, pour lutter contre les facteurs de risque qui contribuent à la violence familiale, il faudrait d’abord qu'ils soient reconnus et que l’on s’attarde à les corriger en premier lieu. Les divers facteurs comprennent des conditions de vie inadéquates, les mauvaises conditions de logement, des situations financières instables en raison de la situation de l'emploi. Ajoutez à cela les facteurs familiaux qui comprennent la pauvreté des familles et la toxicomanie des parents, il y a tout un un cocktail pouvant créer un contexte de violence.

Bien que de nombreux problèmes sociaux soient liés au genre dans notre société canadienne moderne, certaines questions sont uniques aux populations autochtones, notamment celles qui touchent les Inuits et les peuples autochtones. Les changements sociaux rapides induits par la colonisation ont touché les femmes et les hommes différemment.

Les rôles ont été inversés

Plus particulièrement consciente du modèle de genre de la société inuite, on voit que les rôles qui définissaient diverses activités ont été quelque peu inversés. Les femmes ont été plus en mesure de maintenir leurs activités traditionnelles de prendre soin des enfants et du ménage tandis que les hommes inuits vivent des écarts importants dans les possibilités d'emploi en raison de leurs dépendances ou parce qu'ils ont été impliqués dans le système de justice pénale et se trouvent inemployables. Pour ces raisons, on pourrait interpréter qu'elles éprouvent moins de stress.

Tous les parents ont besoin de soutien pour élever leurs enfants

Les parents jouent le rôle le plus important dans le développement de leurs enfants. Le rôle du parent est exigeant. Il exige des compétences, de la flexibilité et l'ouverture à l'apprentissage. Seul ou en couple, en une ou deux maisons, tous les parents ont besoin du soutien de la famille, des amis et leur communauté pour élever leurs enfants.

Aucun enfant ne devrait avoir à prendre un détour pour retourner chez lui

La principale raison d'examiner ces causes est de mettre en œuvre des solutions et des projets qui auront un impact à long terme sur les communautés. Les enfants, les mères, les familles et les communautés font l'objet de ce projet Aucun enfant ne devrait avoir à faire un détour pour retourner chez lui. Après tout, chaque enfant naît avec le droit d'avoir une vie sans violence et sans abus.

Les enfants appartiennent à leur famille et à leur communauté

Les enfants appartiennent à leur famille et à leur communauté. Quand ils sont retirés non seulement de leurs familles, mais de leur communauté, les enfants perdent, ne pouvant être élevés par leurs propres familles dans leurs propres communautés. En conséquence, il y a un nombre effarant d'enfants inuits en familles d'accueil. Aucun enfant ne devrait avoir à faire un détour pour retourner chez lui est une initiative d'engagement pour aider les enfants à recevoir des soins affectueux, un environnement protecteur et stable pour répondre à leurs besoins fondamentaux dans une maison-refuge/maison-de-répit assurant leur sécurité dans leur propre communauté.

Les conditions de vie inadéquates exacerbent d’autres conditions sociales

Mais les mères inuites relèvent des défis et des difficultés reliés à leur situation: les conditions de vie inadéquates comme la surpopulation exacerbent d’autres conditions sociales. La violence domestique, l'abus d'alcool important, le manque de possibilités de formation et d’emploi pour les hommes contribuent chez elles à des taux accrus de dépression, des symptômes de traumatisme et à l'automutilation des mères et des enfants.

Il est toujours utile de regarder derrière la scène lorsque l'on tente d'évaluer les situations

Il est toujours utile de regarder derrière la scène lorsque l'on tente d'évaluer les situations. Dans le contexte des mères qui travaillent à l'extérieur de la maison, l’on observe qu'elles font face à de nombreux facteurs de risque. Elles doivent compter sur les membres de la famille pour garder leurs très jeunes enfants quand elles sont au travail. Une maisonnée inuite est généralement composée de grands-parents, de tantes, d’oncles, et des enfants qui vivent ensemble. Parfois, d’autres personnes sont incluses dans le groupe en raison de la grave pénurie de logement, provoquant des situations fâcheuses, voire des conflits familiaux qui dégénèrent.

Une conviction d'impuissance les rend incapables de protéger leurs enfants contre les abus

Dernièrement, de nombreux commentateurs ont commencé à identifier l'échec du système juridique de reconnaître le traumatisme subi par les femmes battues et les contraintes psychologiques, sociales et économiques qui en résultent. De nombreuses femmes battues chez les Inuit fonctionnent à partir d'une conviction d'impuissance qui les garde incapables de prendre des mesures pour protéger leurs enfants contre les abus.

Une interprétation commune est que quand une femme battue reste à la maison avec un homme qui a également abusé ses enfants, elle aurait pu faire quelque chose. L'opinion des gens a tendance à devenir de l'indignation contre la mère qui ne parvient pas à intervenir au nom de ses enfants. Ce n’est pas si simple. Notre sens critique doit nous guider vers un questionnement sur une réalité dont les résultats figurent parmi les plus sombres de l’histoire canadienne.

De puissants dissuasifs empêchent les mères de quitter le domicile familial 

Dans d'autres articles, j'ai déjà mentionné que l'isolement, le manque de ressources financières, le racisme rencontré dans le Sud étaient de puissants dissuasifs pour les mères à quitter le domicile familial à la suite de violence familiale. Quitter le domicile pour une femme inuite est une entreprise coûteuse émotionnellement: souvent, elle devra laisser les enfants derrière. Pour ces raisons, les femmes endurent. Il existe rarement un endroit pour accueillir une femme avec ses trois enfants. Dans certaines communautés, certaines mères avec de jeunes enfants passent une nuit ici, puis ont à se déplacer vers un autre emplacement et ainsi de suite. La contrainte engendrée par de tels déplacements conduit à plus de détresse.

On doit donner plus et de meilleurs services aux mères

A certains égards, les mères battues sont lésées par le système. Toutefois, un préjudice grave peut subvenir aux enfants à cause de l'inaction de leurs mères. On doit reconnaître l'impuissance psychologique et sociale des femmes battues et protéger leurs enfants dont le bien-être physique et mental risque d'être compromis.  Mais, au moment de décider ce qui est dans le meilleur intérêt de l'enfant, une attention particulière devrait être accordée à la condition des mères et des enfants dans des foyers violents. En raison de cet équilibre délicat, quand il des choix difficiles pour décider ce qui est dans le meilleur intérêt de l'enfant. On doit sérieusement considérer  la condition des mères et des enfants dans des foyers violents et donner plus et de meilleurs services aux femmes.


Les enfants souvent au cœur des altercations

Aucun enfant ne se développe sans éprouver des difficultés et des tensions nées de relations avec la famille et les pairs. Toutefois, la prolongation ou l'aggravation de ces problèmes peut causer du stress, de l'anxiété ou de l'état dépressif dans de nombreux enfants. Dans une famille où il y a des éclats et une escalade de violence, les enfants sont souvent au cœur de ces altercations.

Aucun enfant ne devrait avoir à faire un détour pour retourner chez lui

Ceci est la raison pour l'existence de Aucun enfant ne devrait avoir à faire un détour pour retourner chez lui qui est une initiative d'engagement visant à aider les enfants à remplir leurs besoins de soins affectueux, d'un environnement protecteur et stable pour répondre à leurs besoins fondamentaux par une maison-de-répit dans leur propre communauté.

J'ai toujours été sensible à l'injustice. En fait, enfant, je voyais clairement lorsque les adultes et les enfants étaient accablés. J’ai eu la chance de recevoir une bonne éducation et avant même d'être diplômée de l'université, je constatais que tous les enfants n’avaient pas la même égalité de chances. Je pense que ce même sens fondamental de l'équité que je chéris, implique le respect et que tous les enfants ont besoin de grandir dans une culture de respect s’ils vont se développer.

Créer un climat favorable pour assurer la sécurité des femmes et des enfants

La menaces de retirer les enfants de la maison ne parviennent pas à créer un climat favorable pour assurer la sécurité des femmes et des enfants. Dans notre système judiciaire, les femmes qui sont victimes de violence font face à de nombreuses conséquences quand elles échouent, en raison de leur propre abus, à protéger leurs enfants. Tel que je me souviens, quand une situation se présentait où nous soupçonnions que l'enfant était en danger, on nous incitait à  faire pression sur la famille. La situation impliquait souvent  la violence envers la mère ou envers les enfants. Cette situation contribuait sans doute à plus d'impuissance de la part de la mère. Dans son milieu familial, elle perdait tout contrôle, et plus tard, à la cour, ce lieu de pouvoir décidait du sort de son enfant.

Restaurer les compétences parentales des hommes et les femmes

Pour diminuer le nombre de placement familial, et promouvoir l'harmonie, la force et l'unité familiale, il faut restaurer les compétences parentales chez les hommes et les femmes inuites. En même temps, il serait utile de promouvoir les connaissances culturellement sensibles sur la façon des Inuit d'élever leurs enfants ainsi que de mettre en place des services de soutien communautaires. Des centres de défense des femmes et des enfants sont perçus comme étant nécessaires dans toutes les communautés du Nunavik. La compréhension et la défense des femmes battues et de la protection des enfants victimes de violence pour mettre fin au cycle de la violence commencent par la représentation. Ce ne sont pas comme deux intérêts concurrents; au contraire, l’on ne peut dissocier l’un de l’autre.

La provision d'une "maison-refuge/maison-de-répit pour les enfants 

Les femmes battues ne parviennent souvent pas à demander l'aide des autorités parce que cela va rendre leur situation familiale précaire encore pire pour elles-mêmes et leurs enfants. Par conséquent, la provision d'une "maison-refuge/maison-de-répit" pour les enfants et une unité temporaire pour les femmes battues aideraient probablement à construire des relations plus efficaces et de soutien continue avec les femmes victimes de violence domestique pour qu’elles puissent se réhabiliter dans leurs rôles parentaux. On comprend qu'on va tendre à cacher certaines situations pour cette raison: « La distance séparant les parents de leurs enfants peut représenter un obstacle important pour leur rendre visite », note l’organisme. « […] ces parents, disposant souvent de ressources limitées, étaient accusés d’avoir démontré trop peu d’intérêt envers leur enfant pour lequel on recommandait en conséquence un placement à long terme. »

Toutes les modifications doivent être ancrées dans les communautés

Les valeurs des Inuits doivent être restaurées afin qu’elles contribuent au bien-être des communautés inuites. Je suis entièrement d'accord avec Saturviit que toutes les modifications doivent être ancrées dans les communautés et soutenues par des services conçus et livrés au Nunavik. Plus que jamais, les parents et les dirigeants aux niveaux local et régional sont nécessaires pour devenir des modèles de la vie réelle pour les jeunes et susciter la fierté d'être Inuit ou autochtone.

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