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mercredi 31 janvier 2018

Le pouvoir de changer les choses, mais qu'en est-il de la volonté politique?

En 1997, la Commission des droits de la personne et de la jeunesse, alertée par le manque de services offerts aux enfants en besoin de protection, concluait une enquête longue de cinq ans. On soulignait à gros traits que le surpeuplement des logements au Nunavik représentait une menace très lourde pour le développement et le bien-être des enfants.

Ce dossier, celui du manque de logements au Nunavik, traîne depuis des années.



La situation ressemble à la même chose

Dix ans plus tard, entre 2007 et 2010, la situation ressemble à la même chose. Là-bas, des intervenants sont débordés, le centre de réadaptation manque de ressources, des familles et des intervenants sociaux peinent dans le placement des enfants parce que les familles disponibles sont souvent très éloignées des communautés. Le Nunavik étant un territoire gigantesque, ces communautés sont souvent séparées de centaines de kilomètres les unes des autres.

Les ressources sont insuffisantes

Les intervenants sur le terrain font beaucoup avec peu et réussissent tant bien que mal malgré la quasi-absence de formation et un encadrement souvent déficient à composer avec une clientèle en santé mentale avec des multiples problématiques. Ils sont souvent dépassés par les problématiques auxquelles ils sont confrontés. À l’évidence, les ressources sont insuffisantes pour répondre à l'explosion démographique du Nunavik, jumelée à la gravité des problèmes sociaux qui y sévissent.

Après mon départ en 2010, je me souviendrai surtout de rencontres inoubliables avec les Inuit, mais aussi avec un douloureux sentiment de laisser derrière moi des enfants déracinés et des familles en détresse.

En 2013, on apprenait qu’Ottawa a volontairement créé une pénurie de logements qui n’a cessé de s’aggraver avec le temps. En cessant d’investir pendant six ans malgré une reprise des investissements en 2000 sous Jean Chrétien, la pénurie est passée de 628 unités en 2003 à environ 1030 logements qui manquent à l’heure actuelle.

En 2015, on évaluait à 53 % le nombre d’Inuits qui vivent une situation de surpeuplement, comme vivre à vingt dans un logement prévu pour six personnes. Aujourd’hui, cette proportion est de 63 %.

La santé mentale des enfants Inuit 

La santé mentale des enfants Inuit a suivi cette dégringolade.  La situation se répercute également sur la santé mentale des Inuits adultes. « La maison est supposée être un havre de paix. Mais depuis des décennies, les gens n’ont plus ce sentiment de sécurité. Le surpeuplement entraîne une recrudescence de la violence et des suicides ». Une médiatrice, Dominique F. Bourcheix, juge sévèrement le gouvernement fédéral, qui laisse la crise du logement s’aggraver.

On assiste aussi à un nouveau phénomène qu’on appelle l’itinérance invisible, surtout celles des femmes et des enfants, sans domicile fixe quand un incident majeur dans leur domicile les force à dormir dans un logement un soir puis dans un autre le lendemain par peur de se faire enlever leurs enfants par la DPJ.

Les travailleurs sociaux qui y travaillent continuent de dire la même chose. Rien de substantiel n’es réglé dans la vie des enfants inuits si les gouvernements, conformément aux obligations qui les lient par la Convention de la Baie James et du Nord québécois, ne répondent pas aux besoins pressants de logements de ces communautés du Nord.


Le surpeuplement résidentiel a un impact important sur les enfants

La littérature scientifique nous aura appris depuis déjà une bonne quinzaine d'années que le surpeuplement résidentiel a un impact important sur le développement et le bien-être des enfants.

Les familles inuites vivent dans un environnement résidentiel toxique. Des logements trop petits, surpeuplés, et qui ne répondent pas aux exigences d'une vie sédentaire imposée. Des logements trop petits, surpeuplés, et qui ne répondent pas aux exigences d'une vie sédentaire imposée. Leur santé physique et mentale en sont gravement affectées. La recrudescence des infections y compris les otites à répétition et les maladies pulmonaires chroniques a même fait de sérieux ravages.

Sur le plan de leur bien-être psychologique, les enfants vivant dans ces conditions de surpeuplement sont plus nombreux à présenter des symptômes de détresse et des problèmes de maîtrise de leurs comportements et d'apprentissage à l'école.

Entassés dans des logements exigus, les tout-petits vivant dans ces conditions réussissent moins bien les tests de développement cognitif. À l’évidence et selon les recherches disponibles, ces retards s'expliquent par le fait que les parents ont tendance à moins stimuler leurs jeunes enfants dans un environnement surpeuplé, dans le but sans doute de se préserver d'un envahissement constant.


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