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mardi 10 mai 2016

Des héroïnes méconnues parmi les femmes

Alors que je marche en direction d’une nouvelle destination, j'ai beaucoup de temps pour réfléchir. Sur ce tronçon particulier entre Cobble Hill et Duncan, mes pensées serpentaient sur la complexité de certaines de nos relations avec d'autres femmes.

Aucun enfant ne devrait faire un détour pour retourner chez lui
Le but du projet, « Aucun enfant ne devrait faire un détour pour retourner chez lui », dans son but final, suite à l'implantation des maisons-refuge ou de répit, est d'habiliter les mères des communautés du Nunavik à prendre soin de la sécurité de leurs enfants, à prendre conscience de leurs droits légaux, à comprendre les facteurs de risque qui conduisent aux dispositions de la loi de protection de leurs enfants.



Dans ma génération, nous, les femmes, avons appris comment traiter les autres femmes pratiquement dès l'enfance. Tout simplement par imitations, par observations, et par l’influence directes de nos mères, nos grands-mères, nos tantes et peut-être, indirectement de nos enseignantes.

Plus récemment, je remarquai que, dans ma société, les femmes ont tendance à être compétitives l’une avec l’autre : nous sommes prêtes à projeter sur les autres ce que nous voyons en nous-mêmes. Peut-être que, dans ma société, les femmes ont appris à avoir des attentes et les exigences élevées et irréalistes face à d’autres femmes. Dans ma réflexion, je me disais que c’était parce que nous nous engageons dans trop de projets, nous prenons trop de responsabilités et d’engagements. Mais pourquoi est-ce que ce comportement est monnaie courante, de la salle de réunion à la garderie, en passant aussi par le studio de yoga?

Ce que je voudrais partager avec vous sont des exemples de femmes Inuit qui m’ont touché par leurs actions et leurs paroles. C’est arrivé quand j’étais au Nunavik alors que je travaillais en silence avec les femmes dans l’atelier d'une des 14 communautés. Quand j’ai parlé à des amies au sujet de ce que je remarquais, on m'a dit que c’était «dans l'œil du spectateur», mais une amie au Sud a validé qu'il y avait des groupes où elle avait également ressenti la même chose. Je vous laisse décider.

Je rapporte simplement ce que j’ai remarqué et comment j’ai interprété ce que je voyais. D'après mes observations, leur esprit de coopération était vraiment remarquable. Cela les conduisait à un objectif commun autour de différents projets plutôt que de mener chacune leurs tâches individuelles.

Il y a des héroïnes méconnues parmi les femmes 

Je regardais ma bonne amie Annie : je me souviens avoir pensé qu'il y avait des héroïnes méconnues parmi ces femmes. Plus de la moitié des femmes étaient des grands-mères. Aucune ou presque n’avait les cheveux blancs; elles semblent conserver une tête pleine de cheveux noirs en dépit de leur âge. Mais elles sont vénérables et je les admire grandement pour leur résilience.

Des différentes lectures faites avant d’aller au Nunavik, je savais déjà que, dans les communautés Inuit, les aînés sont ceux qui distribuent la sagesse: ils sont aussi ceux qui font en sorte que les souvenirs sont transmis et ce sont les femmes qui gardent les liens avec la parenté, autant dans les familles que dans les communautés. Ça me rappelait des actions similaires de ma mère alors que j’étais enfant.

Les journées sont passées dans la simplicité

Lors de l'atelier, ces jours consacrés se passent dans la simplicité. Les femmes savent comment faire les choses ingénieusement et elles utilisent une grande débrouillardise pour réparer ce qui est brisé. Comme j'ai aussi été invitée dans les maisons de quelques-unes d'entre elles, je peux témoigner de leur capacité d'écoute et de leur volonté d'accueillir de nombreux membres de la famille pour des soirées. Ces femmes font acte de présence aimante, de soins et d'attention soutenue. Leur chaleur humaine et le soin de partager leur espace privé avec ceux qui en ont besoin attestent clairement de leur volonté de soulager leurs semblables.

En dépit de tous leurs problèmes sociaux, c’était toujours une joie de voir leurs visages souriants, d'entendre les sons de leurs voix et leur façon de participer à toutes les fêtes. Ces femmes se maintiennent au-dessus de la ligne de désespoir et du découragement. Cela est une qualité beaucoup plus qu'une faute. C’est une autre façon de traiter la douleur, la tristesse et beaucoup de chagrin.

Elles partagent leurs connaissances et répandent autour d’elles leur calme dignité. J’enviais leur créativité, lors de la création de kamiks et de moufles. Leurs rires et leur joie de vivre étaient contagieux. Elles ne parlent pas beaucoup et pourtant, par l’exemple, elles partagent leurs connaissances. Les enfants-filles regardaient en silence ce que leurs mères et grands-mères faisaient. Il était évident qu’elles apprenaient par l’exemple.

Leur vie leur a appris à être frugales 

Leur vie leur a appris à être frugales. Rien ne se perd chez les Inuit. Quand j'invité des travailleuses communautaires chez moi, elles sont parties avec les restes à partager avec d'autres membres de leur famille. Leur implication dans la communauté est facilement reconnaissable.

Elles sont visionnaires, voyant plus loin que quiconque dans les communautés parce qu’elles ont des souvenirs de toute une vie. Cela devrait plaire aux générations futures qui essaient de concilier la vie moderne et le passé. Ces femmes honorables font bouger les choses en dépit des problèmes de pauvreté, la surpopulation et l'inefficacité des services. Elles conservent malgré tout une attitude positive.

L'expérience de camaraderie des femmes 

Leur camaraderie facile, les rires et les commentaires discrets coulent, que ce soit à l'église ou à l'atelier des femmes ou, même dans l'intimité de leur foyer. Ces pépites de sagesse que j'ai incorporées dans ma propre vie me font du bien.

Les femmes sont fortes, elles sont les intendantes de leurs communautés. 

J’ai vu tout cela principalement à l'église et à l'atelier, mais je trouve qu'elles étaient de bonnes représentantes de leurs communautés. Elles prennent de nombreuses responsabilités durant leur voyage sur terre en tant qu'êtres humains.

Les femmes Inuit construisent des réseaux de solidarité 

Certaines de ces femmes sont fortes et très en contact avec leur moi intérieur tout en jouant un rôle important dans la gouvernance de leur communauté. Elles sont aussi très conscientes des difficultés de leur communauté et elles reconnaissent la vulnérabilité des enfants.

La création d'espaces sûrs pour partager 

C’est mon désir que mon travail se fonde sur des actions culturellement pertinentes pour comprendre ce qui conduit à la vulnérabilité des femmes et des enfants.

En comparant ces deux réalités-celle de mon peuple et celle des Inuit- je voudrais mettre l’accent sur nos façons de se traiter les unes les autres, en particulier les femmes avec les femmes. Peut-être que ce phénomène existe «dans l'œil de celle qui regarde», mais je vais supposer que nous sommes parfois négativement impactée par les paroles et les actions des autres femmes.

À travers le travail dans chacune de nos  vies, nous devons nous tailler une certaine place réelle pour rester dans notre propre espace.


Aucun enfant ne devrait avoir à faire un détour pour retourner chez lui 

Aucun enfant ne devrait faire un détour pour retourner chez lui est une initiative
d’engagement pour aider des enfants qui ont besoin de soins et de protection, d'amour et d’un
environnement stable pour répondre à leurs besoins fondamentaux de sécurité, de
logement et d'éducation.

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